Résultats des ventes

Sèvres
Vendue 74.604,60 euros - Etude Ferri, Drouot, 12 décembre 2007

PORCELAINE TENDRE DE
SEVRES
provenant de la collection WENZ

Vendue 74.604,60 euros

Sèvres
Rare marronnière à ozier ovale couverte et son plateau ovale non attenant, à décor percé de motifs de vannerie imitant l’osier et de chevrons à fond bleu cerné d’or superposés en zig zag, l’anse en forme de tiges de bambou attachées par un ruban à fond or, décor polychrome au centre du plateau d’un bouquet de fleurs, filet dentelé or sur les bords.
Marqués : LL entrelacés, lettre date E pour 1757-1758, marque de peintre non identifiée : deux traits horizontaux.
XVIIIème siècle, année 1757-1758.
Long. du plateau : 30,4 cm, larg. : 24,3 cm.
Long. de la marronnière : 19,5 cm, larg. : 15,8 cm. Haut. : 15,5 cm.



Les marronnières sont mentionnées pour la première fois dans l’inventaire du stock de la manufacture de Sèvres en 1757, avec les dénominations : marronnières unies et marronnières a compartimens (Arch. MNS, I7, 1758, f°6).
Dans l’inventaire du stock de 1758, apparaissent parmi les nouveaux modèles les marronnières à ozier, marronnières contournées et parmi les pièces en biscuit des marronnières forme Pompadour et marronnières ovales (Arch. MNS, I7, 1759, f°6).

Trois formes différentes de marronnières sont aujourd’hui connues :

-  L’une, le couvercle bombé, l’anse formée de deux rinceaux enlacés, reprend la forme du sucrier ovale à compartimens mais augmentée d’ajours percés en forme de feuillage sur le couvercle, le corps et le plateau, voir par exemple la marronnière à fond lapis décorée d’oiseaux par Armand, datée F, probablement achetée par madame de Pompadour et aujourd’hui conservée au musée du Louvre, (M.L. de Rochebrune, Madame de Pompadour et les Arts, catalogue d’exposition, Versailles, 14 février-19 mai 2002, n° 180, p. 441-442 ou l’exemplaire décoré de fleurs récemment passé en vente publique, daté G (Paris, Hôtel Drouot, PIASA, 19 mai 2006, lot 140).

-  Une autre, probablement dénommée marronnière tenant au plateau et marronnière à ozier, est d’une forme plus proche de la nôtre, le couvercle, le corps et le bord du plateau sont entièrement ajourés de chevrons disposés en zig-zag autour desquels s’enroulent des rubans. Environ une vingtaine de ces marronnières sont aujourd’hui répertoriées, les plus anciennes étant datées G pour 1759-1760 ; voir par exemple la marronnière à fond bleu céleste datée G conservée dans la Collection Wallace (R. Savill, op. cit. , vol. II, n° C473, p. 758-761), une paire décorée d’oiseaux et mosaïques bleus et or, offerte par Louis XV à l’Electeur Palatin en avril 1760 et aujourd’hui conservée à la Résidence à Munich, une marronnière décorée de fleurs et filets bleus dans l’ancienne collection Wenz (Hôtel Drouot, Ferri, 17 mai 1995, lot 202), une paire décorée de rubans roses et verts conservée au Wadsworth Atheneum de Hartford (Linda Roth, op. cit., n° 134, p. 260-261), une autre au Getty Museum, étudiée par Adrian Sassoon, Vincennes and Sèvres Porcelain, 1991, n° 12, p. 64-67. Deux paires et une marronnière seule de cette forme sont récemment passées en vente publique : une paire à rubans à fond petit verd vers 1761 (Christie’s, Londres, 9 juillet 2001, lot 152), une paire à rubans à fond vert (Sotheby’s, New York, 23 mai 2003, lot 21), et une marronnière seule à fond lapis caillouté (Christie’s, New York, 21 mai 2003, lot 134).

-  Une troisième forme n’était à ce jour connue que par un plateau seul à chevrons roses, vendu par Sotheby’s à Londres le 4 mai 1965, lot 100 et une marronnière à fond rose et bleu, datée 1787, dans l’ancienne collection Chappey (reproduit par Frédéric Masson, « La collection Chappey », Les Arts, février 1905, p.31). Outre sa taille plus grande, cette marronnière à ozier se distingue par son plateau détaché, les motifs ajourés formés d’arches superposées traversées par des chevrons imitant véritablement le travail de vannerie et sur la partie supérieure du couvercle, sous l’anse, un décor en relief également de vannerie. Datée E (1757-1758), notre marronnière est sans doute l’un des premiers exemplaires de marronnière à ozier produit par la manufacture. Elle est décorée de surcroît d’un fond bleu très inhabituel. Les registres de vente de la manufacture de Sèvres manquent de précision pour permettre de déterminer qui en fut le destinataire, signalons toutefois l’achat de Louis XV en décembre 1759 d’une marronnière à fleurs pour 144 livres (Arch. MNS, Vy3, f°7).

Les marronnières étaient probablement utilisées à table lors du dessert pour servir les marrons glacés, les percements permettant à l’air de circuler pour éviter au sucre de fondre et pour laisser s’écouler au centre du plateau l’excès de sucre.
L’Encyclopédie décrit cet usage : On sert dans les meilleurs tables, au dessert, les marrons rôtis sous la cendre ; on les pèle ensuite & on les enduit de Suc d’orange, ou de limon avec un peu de sucre. D. Diderot et J. d’Alembert, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, 1772, p.240, cité par R. Savill, op. cit., p. 760.