Cette forme est directement inspirée d’un pot à lait ou à crème couvert créé à Meissen au début des années 1730 (Rückert¸ Meissener Porzellan, 1966, n°294).
_Sa dénomination à Vincennes n’est pas certaine et plusieurs suggestions ont été proposées : l’inventaire de 1752 mentionne des pots à bouillon, pots à lait à 3 pieds et un moule pour une théyère ronde à 3 pieds (Tamara Préaud, Antoinette Hallé, Porcelaines de Vincennes, 1978, p. 77 et Svend Eriksen, Sir Geoffrey de Bellaigue, Sèvres Porcelain¸1987, n° 37, p. 220). Dans le même inventaire figurent trois marmittes miniatures mauvaises à 10 livres (Tamara Préaud, Antoine d’Albis, La Porcelaine de Vincennes, p. 141).
Cette forme est connue en porcelaine de Vincennes en de très rares exemplaires. Deux pot à trois pieds sont conservés au musée de Sèvres (Tamara Préaud, Antoinette Hallé, op. cit., n° 170-171 et John Whitehead, Sèvres sous Louis XV, naissance de la légende, 2010, pp. 14-15), l’un décoré de fleurs, l’autre d’une scène mythologique.
Un autre décoré de scènes de port dans le style de Meissen est passé en vente à Londres en 1978 (Christie’s, Londres, 3 juillet 1978, lot 157) et un quatrième également dans le style de Meissen s’est vendu à Londres en 1995 (Christie’s, Londres, 6 mars 1995, lot 79).
L’œillet et l’anémone peints sur notre pot à trois pieds sont probablement inspirés de planches gravées par Maria Sybilla Mérian dans l’Histoire des insectes d’Europe publiées à Amsterdam en 1730. La fritillaire pourrait avoir pour source une planche gravée de Jacques Vauquier vers 1660-1680. Une fritillaire très similaire est peinte sur un gobelet à côtes en porcelaine de Vincennes vers 1747-49 conservé dans la collection du musée Marton et publié par Selma Schwartz, The French royal porcelain Sèvres¸ 2005, n° 1, p. 48.
Les insectes, notamment celui placé à gauche de l’œillet qui semble être une cicindèle, pourraient avoir pour modèles les gravures de Jacob Hoefnagel publiées en 1592.
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