Résultats des ventes

Sèvres
Vendu 96.750,00 euros - Sotheby’s, Paris, Galerie Charpentier, 9 novembre 2010

Adjugé 96.750,00 euros

SEVRES

Garniture formée de trois vases à fleurs dites cuvettes à tombeau à fond bleu céleste en porcelaine tendre de Sèvres datées 1760, la peinture par André-Vincent Vieillard,

comprenant une cuvette à tombeau de la deuxième grandeur et deux cuvettes à tombeau de la troisième grandeur, de forme rectangulaire, reposant sur quatre pieds, la base ornée d’une feuille d’acanthe en relief et le bord supérieur de rinceaux et coquilles, décor polychrome sur chaque face de villageois flamands attablés dans des réserves ovales cernées de motifs de treillage en or sur le fond bleu céleste, les côtés décorés de paysages animés avec chaumières, guirlandes de fleurs et feuillage et coquilles en or sur les angles, les trois marquées en bleu : LL entrelacés, lettre-date H pour 1760, marque de peintre : un lambel pour André-Vincent Vieillard.
Hauteur : 18 cm et 14,6 cm.
Longueur : 24 cm et 20 cm.

A Sèvres garniture of three bleu céleste cuvettes à tombeau dated 1760 by André-Vincent Vieillard



PROVENANCE
Très probablement Edward, vicomte Lascelles (1764-1814).
Earls of Harewood, Harewood House, vente Christie’s, Londres, 1er juillet 1965, lot 17.
Rosenberg and Stiebel, New York.

EXPOSITION
Metropolitan Museum of Art, ‘The Grand Gallery’, CINOA, octobre 1974-juin 1975, n° 66.

BIBLIOGRAPHIE
Hugh Tait, “Sèvres Porcelain in the Collection of the Earl of Harewood”, Apollo, Juin 1964, p. 476, fig. 5.
Rosalind Savill, Catalogue of Sèvres Porcelain, Vol. I, C205-7, pp.32-41.

CATALOGUE NOTE
Ce vase à fleurs, nommé cuvette à fleurs à tombeau ou caisse en tombeau est très probablement dessiné par Jean-Claude Duplessis.
L’exemplaire le plus ancien, décoré d’oiseaux par Armand l’aîné sur fond bleu céleste, conservé au musée Getty est daté 1753-54. Les deuxième et troisième grandeurs ont été réalisées à partir de 1759.

Les décors de scènes villageoises peintes sur nos cuvettes ont pour source deux gravures par Jacques-Philippe Le bas d’après David Téniers le Jeune. Les deux scènes peintes sur les cuvettes de la troisième grandeur sont extraites et inspirées de la Quatrième Fête flamande et de la Feste de village. La gravure par Le bas de la Quatrième Fête flamande est annoncée dans le Mercure de France en 1751. Le tableau de Téniers appartenait à ce moment au duc de Choiseul. Le tableau de la Feste flamande fit partie des collections de la comtesse de Verrue puis de Choiseul.

Le décor peint sur la cuvette de la première grandeur et notamment l’homme assis ivre au premier plan apparaît sur plusieurs porcelaines de Sèvres entre 1759 et 1769 mais également dessiné à l’encre au revers de la gravure de la Quatrième Fête flamande encore aujourd’hui conservée aux archives de la manufacture de Sèvres (Voir R. Savill, op.cit., p. 48).
Cette scène peinte par Charles-Nicolas Dodin figure notamment sur la vase pot-pourri vaisseau à fond rose et vert aujourd’hui conservé au musée Getty (Adrian Sassoon, Vincennes and Sèvres Porcelain, catalogue of the collections, 1991, n° 10, pp. 49-56). André-Vincent Vieillard peint également cette scène à plusieurs reprises par exemple sur une paire de vases hollandais vers 1761-1762 à fond rose marbré conservée à Firle Place.

Ces sujets sont parfois décrits dans les registres de la manufacture de Sèvres sous le nom de Tésnières. Leur présence sur la porcelaine de Sèvres principalement entre 1759 et 1764 est le reflet du goût prononcé au milieu du XVIIIème siècle pour la peinture flamande du XVIIème siècle. En 1752, le critique La Font de Saint Yenne en témoigne en déplorant ce goût violent et effréné pour les Peintres flamans, cause du déclin de la Peinture des grands Maîtres français et italiens : la prévention en leur faveur est portée à un point d’enthousiasme, qu’ils n’ont presque plus de prix dans les ventes (...) une écurie, une taverne, des fumeurs & des buveurs abbrutis ... voilà les sujets qui enchantent aujourd’hui nos curieux. (L’ombre du Grand Colbert, le Louvre, et la ville de Paris, dialogue : Réflexions sur quelques causes de l’état présent de la peinture en France, 1752, pp. 215-216).

Une garniture de trois cuvettes à tombeau, très proche de la nôtre, datée de 1760, à fond bleu céleste orné de motifs de treillage en or similaire, également à figures d’après Téniers, est conservée à la Wallace Collection. (R. Savill, op. cit. n° C205).

Les registres des ventes de la manufacture de Sèvres, laconiques et lacunaires, ne mentionnent pas de livraisons pouvant correspondre à notre garniture ou à celle de la Wallace Collection.
Toutefois, en décembre 1762, une garniture de trois cuvettes à tombeau bleu céleste à Tésnières est livrée à Mr le commissaire du Roi, Jacques Dominique de Barbieri, marquis de Courteilles. Mais le registre de vente souligne qu’elle se composait d’un vase de la première grandeur à 408 livres et de deux vases de la troisième grandeur à 333 livres (Arch. MNS, Vy 3, f° 119).
Enfin, dans la vente des collections du duc de Choiseul en 1786 sont mentionnés : « une caisse à bouquets fond bleu céleste, à cartouches, sujets en miniature », et « Deux autres caisses à bouquets, même genre » (vente Paris, 18 décembre 1786, lots 192-193).
Mais cette description peut correspondre à notre garniture, à celle conservée à la Wallace Collection ou encore à la garniture de trois cuvettes à tombeau à fond bleu céleste à pastorales d’après Boucher datée 1767 et conservée au Wadsworth Atheneum de Hartford (Linda Roth, French Eighteenth Century Porcelain at the Wadworth Atheneum, 2000, n° 70, p 139-143).

La collection de porcelaine de Sèvres de Harewood a été rassemblée par Edward, vicomte Lascelles (1764-1814), fils de Edward Lascelles, 1er comte de Harewood et d’Anne Chaloner, décédé sans descendance à l’âge de 50 ans le 3 juin 1814.
Il acheta ces Sèvres à Paris après la paix d’Amiens de 1802, mais également à Londres comme lors de la vente des collections de la comtesse de Holderness chez Christie’s le 26 février 1822 où il acheta le lot 20 : ‘a Pair of singularly elegant Couvettes, Seve Porcelaine, with high finished painting’. (Geoffrey de Bellaigue, French Porcelain in the Collection of Her Majesty the Queen, 2009, Vol. I, n° 7, p. 111, note 1). Sa collection fut probablement également enrichie par des présents de porcelaine offerts par George IV avec qui il partageait sa passion pour la porcelaine française, comme en témoigne les deux paires de cuvettes à tombeau à fond bleu et oiseaux ayant appartenues à Madame du Barry et aujourd’hui mélangées entre les collections royales anglaises et Harewood House (Geoffrey de Bellaigue, op. cit., Vol. I, n° 9 ; pp. 115-117).

 

 

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