Résultats des ventes

Saint-Cloud
Résultat : 65.000 euros, Etude PIASA, Mercredi 30 mai 2012, Hôtel Drouot, Paris

Résultat : 65.000 euros

Lot 100

Saint-Cloud

Rare paire de seaux à verre en porcelaine tendre de forme légèrement évasée sur piédouche, à godrons en relief sur la base et le bord supérieur, les prises latérales formées de tête de dauphin crachant de l’eau, décor en camaïeu bleu de guirlandes de fleurs, réserves à treillage, lambrequins et fleurons, la base décorée d’un galon orné de fleurs formant rosace sur fond de croisillons.
XVIIIe siècle, vers 1715-35
Hauteur : 11 cm - Longueur : 17 cm

A rare pair of Saint-Cloud soft paste porcelain glass coolers, circa 1715-35.


Ces seaux sont à rapprocher de deux seaux à bouteille en porcelaine de Saint-Cloud dont les anses sont également en forme de dauphin et dont la décoration est très proche, l’un passé en vente publique en 1971 (étude Couturier-Nicolaÿ, Paris, 29 octobre 1971) puis exposé au musée municipal de Saint-Cloud en 1997 (catalogue d’exposition, La Porcelaine de Saint-Cloud, 30 septembre - 30 novembre 1997, n° 59), l’autre faisant partie de l’ancienne collection Wenz (vente Paris, étude Ferri, 16 juin 1993, lot 20) puis illustré par Bertrand Rondot dans le catalogue de l’exposition à New York en 1999, dans lequel l’auteur identifie une gravure de Bacqueville publiée entre 1704-1709 comme ayant servi de source pour la décoration de ces deux seaux (B. Rondot, Discovering the Secrets of Soft Paste Porcelain at Saint Cloud Manufactory, c. 1690-1766, Bard Graduate Center for the Studies in the Decorative Arts, New York, 1999, p. 27, fig. 1-9 et 1-11).
Il est possible que ces quatre rafraîchissoirs aient pu ainsi, peut-être, constituer un ensemble au XVIIIe siècle.

Deux autres seaux à bouteille, l’un conservé à la Cité de la Céramique de Sèvres, l’autre au musée Adrien-Dubouché de Limoges et deux seaux à verre conservés au musée de la céramique de Rouen sont décorés en bleu de dauphins autour de corbeilles fleuries et formaient probablement tous les quatre également un ensemble au XVIIIe siècle (le seau de la Cité de la Céramique reproduit par F. Labayle, La Porcelaine de Saint-Cloud, 1982, p. 15 ; je remercie Bernard Dragesco de m’avoir rappelé son existence ; les seaux à verre du musée de Rouen illustrés par B. Rondot, op. cit., p. 143, no 38).

Les dauphins évoquent-ils l’Eau que contenaient ces seaux ? La présence régulière de dauphins sur les fontaines en faïence permet de le penser.
Ou bien sont-ils une allusion à la naissance du Dauphin en septembre 1729 ? Le roi Louis XV offre à Marie Leszczyńska un nécessaire en porcelaine du Japon et en vermeil pour célébrer cet événement. Plusieurs éléments de ce nécessaire, aujourd’hui conservé au musée du Louvre, sont ornés de dauphins (illustré par G. Le Duc, Porcelaine tendre de Chantilly au XVIIIe siècle, 1996, p. 30).

Un demi-siècle plus tard, lors de la naissance du fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, un nombre important de porcelaines de Sèvres évoquent soit dans le décor, soit dans la forme, l’arrivée de ce Dauphin (voir par exemple le gobelet dauphin que nous vendions avec PIASA le 3 décembre 2002, lot 95).

En 1729, la manufacture de Saint-Cloud est la seule manufacture de porcelaine en France capable de réaliser des objets de cette taille et qualité.

Bernard Dragesco vient de révéler la découverte par lui des secrets de la fabrication et de la composition de la porcelaine de Saint-Cloud (“How was Saint-Cloud porcelain made ?”, conférence du 13 avril 2012, Londres, en l’honneur de Dame Rosalind Savill, publication à venir). Ces documents découverts mentionnent notamment que la manufacture de Saint-Cloud introduit une nouvelle pâte plus blanche qu’auparavant autour de 1718-1720. Nos deux seaux n’ont pas la teinte légèrement verte ou jaune des porcelaines de Saint-Cloud datables des deux premières décennies du XVIIIe siècle mais plutôt la blancheur des pièces postérieures à 1720. Pour cette raison et pour des raisons stylistiques, une datation entre 1715 et 1735 nous semble plus vraisemblable que la datation autour de 1710 précédemment suggérée.

Il est donc possible que ces seaux et ceux que nous citons ici célèbrent la naissance de Louis de France en 1729 mais il s’agit là d’une simple hypothèse.

 

 

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