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CHINE
Exceptionnelle et importante Jarre Guan d’époque Yuan - Adjugé 4.169.900,00 € (5.052.862,00 US$)

Adjugé 4.169.900,00 euros
(frais inclus, vente du 30 mars 2006)

(5.052.862,00 US$, with buyer’s premium)

Jarre aux quatre lions

Exceptionnelle et importante jarre de type "guan" en porcelaine blanche de forme globulaire terminée par un col vertical cylindrique décorée en bleu sous couverte de quatre lions s’ébattant avec deux balles de rubans shi qiu wen, leurs longs rubans se prenant dans leurs griffes, le fond est parsémé des huit symboles bouddhiques ba ji xiang et des huit trésors ba bao. Le col est orné d’une frise de vagues écumantes. L’épaulement est décoré d’une frise de dix lotus stylisés intégrant des éléments des ba ji xiang et ba bao, le bas d’une frise de médaillons de pétales de lotus stylisés. La base est réservée en biscuit.

Haut. : 28,5 cm

(Un cheveu sur le col).

Epoque Yuan, milieu du XIVème siècle, vers 1350.




-  PROVENANCE Vieille famille de la noblesse française.


元 十四世纪中期 青花四狮球纹八吉祥八宝莲花纹罐 高28.5 厘米

English Text



Notre jarre est très exceptionnelle, elle présente de nombreuses caractéristiques de la porcelaine Yuan : un bleu de cobalt d’une couleur saphir profonde, intense et nuancée et plusieurs éléments décoratifs typiques : les trésors et emblèmes, les perles flammées inscrites dans des feuilles de lotus stylisées et la frise de vagues écumantes, très proche de celles peintes sur la paire de vases de la Percival David Foundation et datée 1351.
En revanche, le décor de lion sur une jarre de type Guan est absolument unique. Un lion peint dans un style très similaire est représenté au centre d’un plat d’époque Yuan conservé dans la collection T. T. Tsui à Hong Kong (R. Krahl, “The T.T. Tsui collection of Chinese Ceramics”, Orientations, December 1989, vol. 20, n° 12, p. 38, fig. 13).
Un lion est également peint sur le col d’un vase Meiping conservé au Hopei Museum (Margaret Medley, Yuan Porcelain, 1974, pl. 39b, pp. 11, 151-153) et sur un vase zun à deux anses, conservé au Musée de la collection Ardebil à Téhéran en Iran sous le numéro A.22, reproduit dans T. Misugi, Chinese Porcelain Collections in the Near East. Topkapi and Ardebil, Hong Kong University Press, 1981, vol. I, p. 94.
La frise sur l’épaulement formée de fleurs de lotus et de trésors et emblèmes liés aux fleurs est également inédite.

Le lion est un animal important en Chine bien qu’il n’en soit pas natif. Il aurait été introduit en l’an 87, offert par le Roi de Parthes à l’Empereur Zhang. Un deuxième lion fut offert l’année suivante par un pays d’Asie centrale nommé Yuezhi.
Le lion apparaît pour les première fois dans l’art chinois au début de la période Han, sans doute grâce aux contacts avec les vestiges d’Assyrie et de Babylone mais également en tant qu’élément de l’art bouddhique qui commençait à se diffuser à travers la Chine par la Route de la Soie. Pour les bouddhistes, le lion est protecteur de la Vérité et gardien contre les démons, il est aussi symbole de vaillance, courage, énergie et sagesse, mais aussi de pouvoir et de prestige.
Il est ici représenté à la poursuite une balle de tissu brodée, la balle représentant l’unité de l’Empire et l’union de la Terre et du Paradis.

LA PORCELAINE BLEU ET BLANC DES YUAN

L’époque Yuan (1279-1368) est la première époque où la Chine entière fut soumise à une dynastie étrangère dominée par les Mongols. Les empereurs des Song avaient plongé le pays dans un isolement important, les Mongols ont apporté leur savoir en matière de relations de commerce avec le monde extérieur, ils ont également repris les exportations en masse.
En matière de céramique, ils ont innové les formes et surtout développé la porcelaine « bleu et blanc ». Ils instaurent désormais des formes inspirées des modèles persans en métal et en verre.
La porcelaine « bleu blanc » a été utilisé pour la première fois par les potiers persans au XIIIe, desquels les potiers mongols ont adopté la technique à la fin du XIIIème siècle. Le cobalt nécessaire à la production des « bleu et blanc » a été importé par la route maritime du golfe persan. De ce fait, les « bleu blanc » ont d’abord été développés en Chine du Sud, le Nord étant perturbé par des difficultés politiques. Le marché du Sud, notamment celui de Canton, était dominé par des puissants marchands arabes qui voyaient dans la porcelaine « bleu blanc » un nouveau produit à développer pour l’export.
Les premiers « bleu blanc » des Yuan associent des motifs moulés sous la couverte au décor peint en bleu très foncé, ils sont généralement de petite taille. Au cours de la première partie du XIVe, les potiers perfectionnent l’utilisation du bleu et les pièces deviennent plus monumentales.
La porcelaine « bleu et blanc » a été appréciée dans différents endroits en dehors de la Chine, notamment au Moyen Orient. Elle a dès son apparition enchanté les sultans ottomans à Istanbul ou un shah perse à Ardebil en Iran ce dont témoignent les grandes collections du Moyen Orient.
Toutefois, la porcelaine « bleu blanc » faisait partie des objets de luxe accessibles seulement aux hommes de cour, de la noblesse, officiers de haut rang ou alors toute personne aux moyens suffisants d’acquérir des pièces de tel prix. Ces objets à décor si simple mais étonnamment puissant et à la beauté extraordinaire, ont été utilisés pour magnifier les banquets et pour, enfin, devenir un symbole de richesse. Les objets destinés au marché du Moyen Orient étaient inspirés des porcelaines perses, ils sont généralement des plats et vases de grande taille à décor de motifs décoratifs ou abstraits, les motifs des huit trésors (ba bao) était très souvent utilisés, à la manière perse, pour remplir l’espace vide. Le décor peut varier d’un bleu grisâtre à un bleu vif et violacé, alors que le goût chinois préférait les petites pièces très souvent monochromes blanches au décor moulé sous la couverte appelées shufu, (de commande officielle), proche des qingbai des Song, ou alors au décor réaliste de lotus et dragons. Les formes et l’usage étaient également différents, les pièces pour le marché chinois étaient destinées à des fins rituels ou pour les temples, s’inspirant des bronzes archaïques.



 

 

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