Provenance :
Achetée par le marchand Lazare Duvaux dans le premier semestre de l’année 1756.
Livrée par lui à madame de Pompadour le 18 mars 1756 pour l’Electeur de Cologne.
La jatte ovale à bord de relief apparaît à la manufacture de Vincennes en 1753. Seize exemplaires sont mentionnés dans les registres de vente de la manufacture entre 1753 et 1758. Elle accompagne toujours un pot à eau, le plus souvent un Broc Roussel¸ toutefois une jatte à bord de relief est vendue en 1757 avec un broc à feuille d’eau et une autre est associée à un pot à l’eau la Boissière.
Parmi les seize exemplaires vendus, seuls deux sont décrits à fond bleu céleste et oiseaux, vendus l’un et l’autre au marchand Lazare Duvaux.
Le marchand de la rue Saint Honoré achète un broc Roussel et jatte à bord de relief bleu céleste oiseaux pour 720 livres en décembre 1754 (Arch. MNS. Vy1 f° 72r.) et le second pour la même somme dans le premier semestre de l’année 1756 (Arch. MNS Vy1 f° 134 v°).
Une jatte à bord de relief à décor d’oiseaux sur fond bleu céleste, également peinte par Armand l’ainé, mais datée A pour 1754 est passée en vente en 2005 (Sotheby’s, Paris, 24 mars 2005, lot 30). Il s’agit très certainement de celle achetée par Duvaux en décembre 1754, qu’il vend au comptant, ne figurant pas dans son livre de crédit.
Le 18 mars 1756, il est noté dans le livre de crédit de Lazare Duvaux : " n° 2435 à Mme de Pompadour () Une jatte ovale de porcelaine de Vincennes, bleu-céleste à cartouches dehors & dedans, peinte à oiseaux, les bords ornés de fleurs en relief, avec le broc peint de même (M. L’Electeur de Cologne), 672 l. ".
(Louis Courajod, Livre-Journal de Lazare Duvaux, marchand bijoutier ordinaire du Roy, 1748-58, 1873).
La mention du nom de I’Electeur Clément-Auguste de Bavière (1700-1761), Prince-Archevêque de Cologne, indique qu’il s’agit très vraisemblablement d’un présent acheté pour lui par la marquise de Pompadour, avec une réduction de 48 livres supportée par le marchand.
Suivants les instructions du ministère des Affaires étrangères fournies à l’Abbé Aunillon et son successeur l’abbé de Guébriand, diplomates français à Bonn, ceux-ci devaient attacher Clément-Auguste par tous les moyens au parti français et faire échouer toute alliance de Cologne avec les puissances maritimes. L’abbé Aunillon se servit de la passion du prince-électeur pour l’art et l’architecture français afin de le gagner à la cause de la France en matière politique. Il est probable que ce présent de porcelaine de la marquise de Pompadour ait eu la même ambition. (Voir Martin Miersch, " Le rôle des diplomates français dans la formation du " bon goût" chez le prince-électeur de Cologne Clément-Auguste ", Versailles et l’Europe, 2018, pp. 343-365).
Madame de Pompadour acheta chez Lazare Duvaux deux autres brocs et jattes à bord de relief bleu céleste mais décorés de fleurs. L’un le 23 juin 1754 pour Bellevue à 600 livres (Courajod, n°1818), un second le 12 septembre 1755 également pour 600 livres.
Il est possible de rapprocher ces achats d’une mention figurant dans l’inventaire après décès de Madame de Pompadour : A l’ Hôtel d’Evreux. Dans le cabinet de toilette : 359 - Un pot à l’eau et sa jatte de porcelaine de France, bleu céleste. Prisé 200 livres.(J. Cordey : Inventaire des biens de madame de Pompadour, 1939, n° 359).
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