Provenance :
Très probablement offert par le roi Louis XVI à Marie-Louise de Parme, Princesse des Asturies en décembre 1784
Ancienne collection Ortiz-Patino
Château El Masr, Cologne, Genève
Le pot à sucre, la théière et le pot à lait qui faisait initialement partie du cabaret avec le présent plateau sont aujourd’hui dans une collection privée américaine, vendus par Adrian Sassoon en 2012.
Le nouveau décor créé au début des années 1780 par la manufacture de sèvres consistant en des figures, profils, trophées et rinceaux dans le style antique en or soulignés de traits noirs et se détachant sur fond bleu ou fond brun imitant le laque est désigné par la manufacture sous les termes figures étrusques ou figures bas-relief en or. Ces figures étrusques sont pour la première fois déployées sur les pièces de la toilette offerte par Louis XVI en 1782 à Maria Feodorovna et Paul Petrovitch, connue sous le nom de la Toilette de la comtesse du Nord. Elle est aujourd’hui encore conservée au Palais de Pavlosk.
Une écuelle décorée de figures étrusques sur fond bleu, datée de 1784, dont la dorure a été réalisée par Nicolas Pierre Pithou le jeune est aujourd’hui conservée dans les collections du Art Institute of Chicago. Elle a fait l’objet d’une étude par Ghenete Zelleke publiée en 2007 dans le Journal de The French Porcelain Society (Ghenete Zelleke, “Sèvres porcelain of the 1780’s decorated in the Neoclassical Style with figures Etrusques en or in the Art institute of Chicago’s Collection”, The French Porcelain Society Journal, vol. III, 2007, pp. 141-149). Cette écuelle est décorée d’une allégorie de la Justice et d’une figure d’Hercule enfant. Bernard Dragesco, repris par l’auteure, a proposé que la décoration de cette écuelle suggérait qu’elle avait été réalisée pour célébrer la naissance d’un jeune prince. Un rapprochement est fait entre la naissance le 18 octobre 1784 de Ferdinand, fils de Charles, prince des Asturies et de Marie-Louise de Parme, petite fille de Louis XV et le présent de porcelaine de Sèvres effectué à la fin de l’année 1784 par Louis XVI à la princesse des Asturies. Ces porcelaines sont listées dans le registre de vente conservé aux archives de la manufacture de Sèvres, livrées au comte de Vergennes, ministre des Affaires étrangères et représente un prix total de 6.216 livres (Arch. MNS, Vy9, f° 181). Ce cadeau est également mentionné dans le journal des présents du Roi conservé aux archives des Affaires Étrangères ainsi mentionné : « le 14 décembre 1784 A Madame la Princesse des Asturies, Vases, tableaux et autres ouvrages de porcelaine de Sève ....6.216 livres » (archives des Affaires étrangères, Mémoires et documents, France, volume 2095, f° 33v). Une écuelle au prix élevée de 360 livres, dont la décoration n’est pas précisée, figure parmi ces porcelaines. Un cabaret au prix élevé de 960 livres, non décrit, fait également partie de ce présent royal. Considérant la grande quantité d’or sur le plateau que nous présentons et les trois pièces conservées dans une collection américaine, le prix de ce déjeuner devait être supérieur à 720 livres. A titre de comparaison, un seul gobelet litron à décor de figures étrusques sur fond bleu est vendu au prix de 144 livres au duc de Cossé en avril 1783. Seuls quatre déjeuners à un prix supérieur à 720 livres sont vendus par la manufacture en 1784 et 1785. Trois sont livrés le 17 mars 1784 à Mr Grenier, contrôleur de M. le Comte Ambassadeur à Londres pour le Prince de Galles, l’un à 840 livres et deux à 720 livres. Le quatrième est le déjeuner livré au comte de Vergennes pour la cour de Madrid en décembre 1784 à 960 livres. Le lien entre le décor de l’écuelle de Chicago et notre plateau permet de suggérer que celui-ci faisait partie du présent de Louis XVI à la princesse des Asturies.
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